La leçon de Berlin

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Le Bundestag, siège du parlement allemand

Il y a des endroits que tu imagines, que tu fantasmes, que tu rencontres enfin, et qui sans prétention ne te déçoivent nullement.

Depuis quelques jours, chers lecteurs, je suis en vacances. Oh la joie ! Couper le lien avec les mails, les préoccupations, les urgences… Un mois à ne rien faire, ou plus précisément un mois à ne rien faire de professionnel en tout cas. Alors je suis parti seul, direction Leipzig en Allemagne, ancienne RDA. Curieuse destination pour des vacances non. Eh ben c’est le choix du coeur. Ma frangine habite là. Là où est ma frangine, même dans un désert sans eau, j’irai !

Leipzig est une ville plutôt charmante, si si !  Il peut y avoir du charme dans ce pays pour qui sait regarder. Bref, nous avons vu ce qu’il y avait à avoir les deux premiers jours puis pour ce week-end, ma chère soeur a décidé qu’il était temps que je vois Berlin.

Au bout d’un petit trajet en bus, nous voici au coeur de la capitale fédérale de l’Allemagne réunifiée. Le temps de poser nos bagages à l’hôtel et nous repartons dans la même course folle: dites à mon médecin que je marche les dix mille pas par jour prescrits par mon S-Health pour perdre mes rondeurs ! 

Au programme, des lieux symboliques de Berlin, Friedrichstrasse, Alexanderplatz, La Porte de Brandebourg etc. Puis en prenant une rue large comme Lomé en compte peu, nous voyons peu à peu le nombre de touristes augmenter. Tout le monde prend des photos. Je ne tarde pas à comprendre, nous abordons le Berlin historique, le nazisme, la déportation mais aussi et surtout le Mur. Mes cours d’histoire défilent devant mes yeux: l’administration quadripartite, le pont aérien, les missiles soviétiques à Berlin Est, Checkpoint Charlie etc.

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Checkpoint Charlie, point de passage entre Berlin Est et Berlin Ouest avant la construction du mur en 1961. Des acteurs reproduisent encore aujourd'hui la passation d'armes entre les gardes

A cet endroit précis, malgré toute le marketing un peu malsain fait autour de la chute du mur en 1989 je prends quand même conscience de toutes les façons stupides que les Hommes ont inventé pour ne pas s’aimer. Mais aussi du fait que peu importe le temps que cela prend ils finissent toujours par se retrouver.

Je ne suis en Allemagne que depuis quelques jours, je ne prétends pas avoir cerné tous les contours de ce que j’ai eu sous les yeux mais ce que mon sentiment profond me dit c’est que ce peuple martyrisé, divisé puis retrouvé dans la douleur a trouvé le moyen de passer au-dessus du fleuve sanglant de l’histoire ou le contourner de façon intelligente et sensible. Berlin est une ville cosmopolite, bruyante, follement joyeuse, qui a appris à faire avec les vicissitudes du passé, à les intégrer et même en faire un force. Les vieux bâtiments du 17ème cohabitent avec majesté avec des gares futuristes, des immeubles de verre et d’acier sans que leur charme en soit nullement affecté. Au contraire !  A Berlin quand un bâtiment a été bombardé pendant la guerre, on ne le reconstruit pas à l’identique, on le reconstruit avec un ajout contemporain. Le magnifique dôme de verre du Bundestag, le parlement impressionnant de ce pays si décentralisé en est l’illustration éclatante. Une sorte de « Nous avons appris des erreurs du passé et on vous emmerde cordialement ». Tout à l’image de ce Berlin si divers, si avide de vivre: de la joyeuse et délurée  Kreuzberg où les jeunes de la communauté turque font tourner les belles cylindrées le samedi soir et où le monde entier se croise dans un joyeux bordel dans les bars italiens tenus par des Allemands ou les Kebabs où vous pouvez être servis par un jeune asiatique, aux quartiers plus calmes, plus chics autour de Ku’damm où le beau Berlin sort boire un verre aux belles terrasses.

Ce que je retiendrai de Berlin c’est cette cohabitation indifférente et en même temps si bienveillante entre le passé glorieux de ce pays qui exhale une telle puissance et son avenir si lumineux si bigarré sans que personne ne s’en émeuve comme si le métissage, le mélange, le brassage était l’avenir le plus certain pour ce pays à la population vieillissante. La leçon de Berlin c’est que point n’est besoin de tourner le dos au passé qui vous fait peur pour bâtir l’avenir dans lequel vous pouvez trouver la rédemption.

Bien sûr, tout n’est pas rose à Berlin, j’en veux pour preuve cette  réunification un peu à marche forcée qui a imposé beaucoup de sacrifices et de renoncements aux Allemands de l’Est, mais mon impression globale est extrêmement positive et mes souvenirs conserveront un goût tendrement sucré de ces longues promenades à Berlin.

Liebe Grüße von Berlin,

Yann.

La leçon de Berlin

5 réflexions sur “La leçon de Berlin

  1. Belle description et belle leçon à nous autres qui refusons de regarder en face notre passé, d’y faire réellement face et construire notre développement à partir de ce passé. Profite bien de tes vacances et n’oublie pas de nous ramener des saucisses allemandes 🙂

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